C'est le sujet brûlant du moment : le nouveau plan pour l'emploi du président François Hollande. De nombreux acteurs se mobilisent et y vont de leurs préconisations pour réduire le chômage en France, tel est le cas du magazine Challenge.
Dans son dernier numéro en date du 14 au 20 janvier 2016, le magazine économique Challenge consacre un dossier à l'emploi et donne « 10 mesures-chocs qui n'ont jamais été essayées » pour diminuer le taux de chômage en France. Pour chacune d'elles est indiqué l'opinion des français, leur avis sur la possible efficacité de ces mesures.
Prendre modèle sur l'Allemagne pour l'apprentissage
La première mesure est donnée par Elizabeth Ducottet, coprésidente du Meti (Mouvement des entreprises de taille intermédiaire). Selon elle l'apprentissage est une excellente solution pour lutter contre le chômage, en le valorisant, comme le fait l'Allemagne. Il faut également de la stabilité, au regard des aides fluctuantes du gouvernement pour les patrons qui engagent un apprenti. Selon Mme Ducottet, les entreprises jusqu'à 5000 salariés devraient pouvoir elles aussi bénéficier de cette aide. Cette mesure qui en appelle à la simplification de l'apprentissage en France est jugée efficace par 90% des français.
Une formation obligatoire pour les jeunes en décrochage
Les nombreux jeunes en décrochage scolaire sont en majorité au chômage. Pour y remédier, Mathilde Lemoine, chef économiste du groupe Edmond de Rothschild, émet l'idée d'interdire toute sortie du système sans formation, en prenant modèle sur les Pays-Bas ou le Royaume-Uni. Les Ecoles de la 2ème chance auraient un rôle prépondérant et leur nombre devrait être démultiplié pour fournir un cursus à tous ces jeunes. Une mesure jugée efficace par 83% des interrogés.
Un contrat unique
Stéphane Richard, PDG d'Orange, en appel à la création d'un contrat unique: un CDI avec des modalités de séparation « très simple », sur le modèle italien. L'Association nationale des directeurs de ressources humaines est également pour la mise en place d'un tel contrat « pour en finir avec ce système qui oppose deux catégories de salariés, les CDI d'un côté, les précaires de l'autre. ». 67% des français estiment cette mesure efficace.
Durée d'indemnisation chômage réduite ou dégressive
Pour Stanislas de Bentzmann, président de CroissancePlus, la réduction des indemnisations chômage ou le fait de les rendre dégressive pourrait inciter les chômeurs à plus de motivation pour se remettre sur le marché du travail. Il souhaiterait les voir réduite à 12 mois au lieu de 24. Pour les économistes, en tant de crise et de croissance molle, cette mesure n'est pas adéquate et 44% des français la juge inefficace.
Une taxe sur les licenciements
Bertrand Martinot, spécialiste du marché du travail et ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, souhaite créer une taxe pour les entreprises abusant du licenciement, comme aux Etas-Unis. Plusieurs économistes soutiennent cette mesure qui viserait à responsabiliser financièrement les entreprises. 53% des français trouvent la mesure efficace.
Regrouper les droits sociaux
Véronique Descacq voudrait créer un compte qui regrouperait tous les droits sociaux (assurance-maladie, retraite, compte de formation, compte épargne-temps...) et que chacun puisse y accéder simplement. Ceci dans le but de faciliter les démarches aux personnes qui souhaiteraient changer de job.
Alléger le droit du licenciement
Afin de limiter les freins à l'embauche, le Directeur emploi de l'OCDE Stefano Scarpetta, suggère d'autoriser les licenciements lorsqu'ils peuvent aider à améliorer la compétitivité. Il faut également réduire les délais des prud'homme pour désengorger les tribunaux. Pour 51 % des français, cette mesure serait inefficace.
Régionaliser le temps de travail
Pour Etienne Wasmer, économiste à Sciences-Po, il serait intéressant de donner le pouvoir aux régions d'adapter le niveau du smic et le droit du travail, à leurs particularités. Ainsi certaines régions pourrait agir afin de susciter le retour d'investissements internationaux. Une mesure qui a peu de chance d'aboutir et qui ne convint pas la majorité des français (70%).
Un smic variable selon l'âge et les régions
Gilbert Cette, ex-conseiller de Martine Aubry au ministère de l'Emploi, indique que les « règles de revalorisation du smic conduisent à des augmentations trop fortes », elles « accompagnent à moyen terme une baisse de l'emploi salarié » que l'on pourrait contenir en gelant le smic pendant plusieurs années, en compensant avec des aides pour compenser l'effet sur le pouvoir d'achat. La régionalisation du smic serait, toujours selon lui, être une bonne solution car « le smic n'offre pas le même pouvoir d'achat selon qu'on vit à Paris ou dans la Creuse ». Enfin un smic jeune est également une mesure qu'il soutient, précisant que les « pays qui ont un smic jeunes connaissent un taux d'emploi des jeunes bien supérieur au nôtre. ». Cette mesure, et le contraire serait étonnant, ne convint que 30% des français.
Le numérique au service de l'emploi
Pôle emploi et le ministère du Travail se sont vu proposer une plateforme numérique qui, grâce à des algorithmes, permet aux utilisateurs de retourner en emploi de manière efficace, en connaissant la réalité du marché du travail, les débouchés d'un métier, le nombre d'offres d'emplois sur un métier visé. Cette plateforme est l’œuvre de Paul Duan, cofondateur de l'ONG Bayes Impact. Randstad a lui aussi lancé un outil numérique fonctionnant de manière assez proche et qui permet aux entreprises de trouver des candidats pour des postes non pourvus.